La place de la musique dans le crowdfunding
Faisons l’état des lieux, nous sommes dans un contexte de crise qui déstabilise toute la filière musicale. Cause à effet de la révolution numérique dans les années 2000, c’est tout d’abord l’effondrement des ventes CD qui va alors frapper l’industrie culturelle.
Le téléchargement et l’écoute de flux vont contribuer considérablement à la baisse des ventes dites réelles. Mais elles vont aussi donner à un grand nombre d’artistes, parfois inconnus, une première visibilité et un succès accéléré.
Alors que la révolution numérique a entraîné une chute des ventes sur le marché physique du disque, cela a entrainé un retour en force du live. En 2005, le chiffre d’affaires du spectacle vivant était de 375 M€ contre 935 M€ pour la musique enregistrée avec 31 825 représentations*. En 2010, ces chiffres sont presque égaux, avec 42 000 représentations*.
Des pratiques de production musicale renouvelées
En décembre 2007, My Major Company propose une petite révolution “à la Française”. Il est le premier site internet permettant aux internautes d’investir un montant de leur choix pour produire un artiste. La combinaison du crowdfunding spécialisé dans la musique fait ses premiers pas. L’internaute devient pour la première fois producteur et reçoit comme contrepartie un pourcentage sur les bénéfices générés par l’artiste.
My Major Company, spécialisée dans la production musicale, connaitra aussi des difficultés financières qui la poussera à diversifier son offre pour se rapprocher du modèle d’Ulule, de Kisskissbankbank ou encore du leader américain Kickstarter, qui sont des plateformes généralistes.
En 2013, de tous les projets financés en crowdfunding, 3 % sont des projets musicaux. Ce chiffre va doubler d’ici les deux prochaines années, d’après le baromètre 2013 du crowdfunding.
Une nouvelle tendance : la billetterie en crowdfunding
Comme nous venons de le voir, le live et le spectacle vivant en général se sont très largement développés ces cinq dernières années. Aujourd’hui, le live a largement dépassé le marché de la musique enregistrée et laisse percevoir une place de premier choix pour les billetteries participatives.
Un des exemples qui semble malheureusement avoir un peu de mal à décoller est le site internet Koalitick (anciennement Plemy). À la croisée du crowdfunding et de la billetterie en ligne, Koalitick permet de pré-réserver des places pour des projets de concerts qui sont confirmés dès qu’un nombre suffisant de places a été pré-vendu.
Le site internet My Social Event, s’appuie lui aussi sur cette pratique de la billetterie participative. Cette nouvelle proposition se différencie par une mise en relation des acteurs de la scène française. Chacun peut alors proposer son événement en sélectionnant “à la carte” des prestations.
La place de la musique dans l’utilisation du crowdfunding est bel et bien développée et continue à grandir. Des nouveaux modèles ont été proposés ces six dernières années et l’implication des mélomanes laisse imaginer des propositions de plus en plus solides et pérennes. La billetterie participative va faciliter l’organisation de spectacles vivants et donner une nouvelle aire à la production musicale.
Encore faut-il que le cadre législatif puisse se préciser pour permettre le développement de nouveaux projets de « culture en crowdfunding ». Le gouvernement semble en être conscient et annonce une prise de mesures pour les prochains mois. Dans un contexte où « l’exception culturelle française » est remise en question avec une autre baisse du budget de la culture de 2% et un recul du mécénat culturel d’entreprises privées en faveurs des causes sociales, le crowdfunding semble être la réponse la mieux adaptée pour soutenir la culture et satisfaire les français, qui ne demandent qu’à être impliqués.
*Source SNEP, CNV
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