[INSOLITE] Une nouvelle plateforme parodique dénonce le crowdfunding

De plus en plus de personnes affichent leur mécontentement quant au financement participatif et de nombreuses fausses plateformes et campagnes voient le jour pour l’exprimer. On se souvient par exemple de KillStarter, la plateforme créée par GreenPeace pour dénoncer les dérives possibles du crowdfunding, avec des projets dangereux pour notre planète, et la surconsommation de notre société.

Le crowdfunding est désormais fréquemment utilisé pour mener des campagnes de communication et faire passer des messages forts, plus que pour récolter de l’argent. Le terrorisme, la crise grecque, le gouvernement français, les migrants… Tout y passe.

En Belgique, certains ont été lassé de cette utilisation du crowdfunding au point de créer leur plateforme. On y trouve des projets pour sauver la culture sur la chaine de télévision RTBF, pour « un salaire décent pour un producteur de lait bio », pour un « coup de pouce pour l’enseignement » ou encore « une collecte pour les exclus du chômage ». 

Cette plateforme appelé Biz Biz Boum Boum ressemble beaucoup dans son nom et son aspect à KissKissBankBank. Sans ça, il pourrait au premier abord sembler difficile de la distinguer d’une réelle plateforme de financement participatif. La campagne « Opérations de sauvetage en mer » se prétend organisée par un groupe de « 1500 jeunes militants et citoyens solidaires pour les réfugiés » et demande 900 000 euros pour « identifier les embarcations risquant de chavirer, secourir les migrants s’y trouvant, déployer les forces navales et aériennes, traduire en justice les passeurs, offrir des soins médicaux et psychologiques. »

Dans la rubrique « Qui sommes-nous ? », on peut lire « Sur BizBizBoumBoum, vous pouvez lancer une collecte de fonds, vous faire connaître, partager vos idées, et ainsi obtenir vos premiers soutiens pour mieux propulser votre projet !« .

Le site belge L’avenir.net donne les arguments de Stephan Sven Vanden Eede, qui travaille chez Acteurs des temps présents, groupe instigateur du projet avec le Gsara. Il s’explique sur cette initiative : « Ce site est là pour faire réfléchir. Le crowdfunding au départ c’est pour lancer un projet qui n’est pas soutenu par les banques, un peu à la marge. Des jeunes entrepreneurs, des artistes qui veulent démarrer sur le principe des petits ruisseaux qui font les grandes rivières.« . C’est en effet, le but initiale du financement participatif et c’est pour ça qu’on voit fleurir de plus en plus de plateforme. Cependant, pour ces groupes, ce n’est plus du tout ça. « On le met à toutes les sauces. Avec l’austérité, les dotations aux associations fondent. La tendance? Faites appel au crowdfunding. Avec le détricotage de l’état providence, ça devient la panacée. Il y en a même un qui a y pensé pour la dette grecque. D’autre part, pour certains ça devient un outil de promotion, de communication. On recherche plus la visibilité que le don en lui-même. D’où cette question posée par ce projet parodique: jusqu’où va-t-on aller avec ces collectes de fonds?« .

Il est vrai que le crowdfunding n’est plus réservé qu’aux jeunes entreprises ou aux nouveaux projets. Des géants s’en servent pour tester le futur succès de leurs produits et faire des campagnes de communication à moindre coût, comme c’est le cas pour Sony qui a dernière lancée sa montre Wena ainsi, après avoir créé sa propre plateforme.

L’ironie notable de cette campagne est qu’on peut se demander si en créant BizBizBoumBoum, les groupes Gsara et Acteurs des temps présents n’ont pas cherché à se faire un peu de publicité.