[INTERVIEW] Valentin Mathé – « Une poule ça pond, tout comme un éditeur »

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Valentin Mathé & crowdfunding

Valentin Mathé, le fondateur de La Poule Qui Pond, maison d’édition jeunesse dont chaque livre est financé via la plateforme de crowdfunding française Ulule, a accepté de répondre aux questions de Good Morning Crowdfunding.

GMCF : Présentez-nous La Poule Qui Pond…

Valentin Mathé : La Poule Qui Pond est une maison d’édition jeunesse fondée en avril 2014. Depuis sa création, elle a publié 8 albums de jeunesse pour les 3 à 7 ans. Chacun d’eux a donné lieu à un financement participatif sur la plateforme Ulule. Il s’agit donc de 8 campagnes de crowdfunding réussies qui ont été portées par La Poule Qui Pond depuis un peu plus d’un an. Hormis l’aspect de financement participatif, La Poule Qui Pond est une maison d’édition à compte d’éditeur classique. Elle publie aussi bien des auteurs connus que des premiers albums. Par ailleurs, ses livres sont disponibles dans toutes les librairies de France… et nous avons même un diffuseur suisse!

GMCF : Pourquoi avoir choisi ce nom ?

Valentin Mathé : Tout simplement parce qu’une poule ça pond, tout comme un éditeur, d’une certaine façon.Valentin Mathé, interview crowdfunding

GMCF : Comment en êtes-vous arrivé à utiliser le crowdfunding ? Qu’est-ce que cela vous apporté ?

Valentin Mathé : L’utilisation du crowdfunding était l’idée de départ. J’avais envie de me lancer dans l’édition. Mais se lancer dans ce secteur culturel, cela signifie partir sans les banques et sans possibilité de prêt. Or, chaque création d’entreprise nécessite un apport financier pour bien débuter.

L’équation est simple : sur un album jeunesse, il faut payer immédiatement l’imprimeur, l’auteur et l’illustrateur ; par contre les librairies ne commencent à payer qu’à partir de 60 jours. Pour pallier ce problème, l’une des solutions est d’organiser des préventes, et ça, le financement participatif permet de le faire très bien.

Au-delà de l’aspect trésorerie, mettre mon premier projet sur Ulule m’a permis d’en parler autour de moi, de voir l’engouement, de rencontrer ceux qui sont devenus mes associés aujourd’hui. C’est amusant et paradoxal de voir à quel point le fait de placer une vitrine virtuelle de mon projet sur Ulule a entraîné beaucoup de rencontres réelles et m’a aidé à créer un fort réseau local. Si vous êtes porteur de projets, je vous invite à rencontrer vos contributeurs autour d’un café, ils ont forcément beaucoup à vous apporter!

GMCF : Comment ont évolué vos campagnes de votre 1er à votre 8ème projet ?

Valentin Mathé : Les campagnes de crowdfunding sont dans l’ADN de la maison d’édition. C’est notre façon de communiquer et notre façon de lancer de nouveaux projets. Aujourd’hui, nous lançons un nouveau projet mais nous pensons déjà aux trois suivants. Le fait de réitérer les projets nous pousse à renforcer l’aspect prévente des campagnes. On ne fait pas l’aumône.
Nos soutiens sont nos premiers acheteurs qui nous permettent d’amorcer la pompe pour ensuite vendre en librairie. Nous ne gagnons pas d’argent en vendant nos albums par financement participatif, par contre, cela nous permet d’accéder à la phase « vente » en librairie qui elle est la source de nos revenus. C’est une bonne occasion de rappeler que dans tous les cas, crowdfunding ou non, sans librairie, il n’y a pas de livre.

La Poule Qui Pond & crowdfunding

GMCF : Vos projets ont tous été financés avec succès, quel est votre secret ?

Valentin Mathé : Nos campagnes réussissent car elles sont dimensionnées pour. On place des objectifs atteignables. Ensuite, il s’agit de préventes. La qualité des contreparties joue beaucoup dans le succès d’un projet. Il faut toujours se demander si, à la place d’un contributeur, on aurait envie d’acheter ces contreparties. Il faut arriver à se mettre dans la peau de quelqu’un qui ne nous connaît pas pour pouvoir évaluer si les contreparties sont bien équilibrées. Ce n’est pas évident car il faut arriver à être généreux sans oublier qu’on a des salaires à payer. Il faut donc faire un minimum de marge, sinon éviter au moins d’être déficitaire. Cela nous est arrivé d’être trop généreux et ainsi perdre de l’argent avec les coûts de fabrication et d’envoi des contreparties.

Mais si nos projets réussissent, c’est aussi parce que nous y travaillons à plein temps. La Poule Qui Pond est notre entreprise, nous avons une salariée qui travaille à la communication des campagnes quasiment en permanence.

GMCF : Allez-vous continuer dans cette lancée pour les prochains mois à venir ?

Valentin Mathé : Oui, nous continuons à aller plus loin. Je pense réellement que le crowdfunding a de l’avenir dans l’édition, qu’il va continuer à prendre de l’ampleur dans ce secteur, et je veux faire partie de cette évolution.

Avec ma maison d’édition, je veux continuer à explorer les possibilités offertes par le crowdfunding. C’est par exemple un formidable outil pour faire des études de marché. Je pense que grâce à ce mode de financement, je suis moins frileux à lancer des projets innovants ou tout simplement fous, là où d’autres éditeurs auraient catégoriquement refusé de prendre le moindre risque.

Merci Valentin ! Nous attendons donc avec impatience les prochains oeufs !

La Poule Qui Pond, interview crowdfunding

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À propos de l’auteur

Passionnée de journalisme depuis toujours, c’est après une licence en information et communication que mon avenir s’est confirmé : je veux écrire. Après une expérience en tant que rédactrice pour une chaîne télévisée publique française, Good Morning Crowdfunding a donc été pour moi l’opportunité de découvrir l’univers des startups, tout en continuant à être du côté de la rédaction.

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