[INTERVIEW] Première utilisation de la Blockchain en France au service du crowdfunding par BNP Paribas Securities Services et SmartAngels

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C’est un partenariat annoncé ce matin entre BNP Paribas Securities Services et la plateforme de crowdfunding en equity SmartAngels ! Ce partenariat stratégique signe une avancée majeure dans l’histoire du financement participatif sur l’application de la technologie Blockchain.

Pour la première fois en France, BNP Paribas Securities Services et SmartAngels permettront aux entreprises non cotées d’émettre des titres sur le marché primaire et aux investisseurs d’avoir accès au marché secondaire en s’appuyant sur la technologie Blockchain. Le lancement du projet pilote est prévu au deuxième semestre 2016, sous réserve des approbations réglementaires par les autorités de tutelle des deux entités.

Pour l’occasion, Benoît Bazzocchi, Président et fondateur de SmartAngels, nous a accordé une interview pour nous expliquer les modalités et l’objectif de ce partenariat.

Benoit Bazzocchi SmartAngels

En quoi consiste votre partenariat avec BNP Paribas Securities Services ?

C’est un partenariat qui consiste à créer une plateforme technologique, co-développée par BNP Paribas, la filiale Securities Services, avec SmartAngels. Cette plateforme va permettre aux entreprises qui lèvent des fonds sur SmartAngels d’inscrire leurs titres sur un registre dématérialisé grâce à la technologie Blockchain. Concrètement, l’inscription des titres des émetteurs directement sur cette Blockchain permet d’assurer la sécurité des émissions de titres et d’organiser à termes un marché secondaire pour les investisseurs qui sont actionnaires des sociétés sur SmartAngels.

Pourquoi un partenariat spécifiquement avec BNP Paribas Securities services ?

BNP Paribas Securities Services est la filiale de BNP Paribas spécialisée dans le métier des titres, et notamment la gestion des registres des entreprises cotées sur les marchés financiers. En tant que leader européen, BNP Paribas possède donc une très forte expertise sur l’ensemble des métiers liés aux titres financiers. SmartAngels a l’expertise des levées de fonds sur les entreprises non cotées et la connaissance précises des besoins. C’est ce en quoi ce partenariat est intéressant.

Qu’est-ce que cela va apporter au secteur du crowdfunding selon vous ?

L’enjeu auquel on assiste est la digitalisation du secteur du financement des entreprises. Sur SmartAngels, nous avons dématérialisé l’ensemble des procédures de souscriptions pour investir de façon 100 % digitale. Néanmoins une fois les opérations réalisées, on retombe dans les sujets de gestion de l’actionnariat. Nous avons mis en place, sur la plateforme, des outils de gestion des relations actionnariales, mais le registre des titres avec la propriété des actifs financiers, qui reste au coeur des relations actionnariales, n’est pas encore dématérialisé et reste encore à l’extérieur de la plateforme. C’est une étape supérieure qui est très significative pour ce mouvement de digitalisation de financement des entreprises non cotées. Dans le cadre du crowdfunding en particulier, il s’agit d’un enjeu clé en raison d’un actionnariat au capital des entreprises le plus souvent élargi, qui impose d’avoir ce registre dématérialisé. C’est ce qu’on observe avec notamment le Nasdaq, dans le cadre de son activité de Private Market, qui a lancé une plateforme dédiée aux entreprises non cotées qui fonctionne avec un sous-jacent techologique Blockchain. Je suis persuadé que ce mouvement de digitalisation et notamment les questions liées aux titres représentent un véritable enjeu pour le secteur du financement participatif. La technologie Blockchain répond clairement aux besoins des entreprises et des investisseurs, avec la perspective de créer un marché secondaire pour le secteur.

En quoi la technologie Blockchain change notre économie ?

Blockchain est une véritable avancée technologique. Chez SmartAngels, nous avions besoin d’offrir à nos clients une technologie qui soit parfaitement adaptée aux besoins des petites entreprises et Blockchain semble répondre aux contraintes, contrairement aux technologies utilisées pour la gestion des registres des entreprises cotées. Il y avait besoin de ses solutions. Blockchain offre notamment une sécurité extrêmement forte à un coût très faible sur des opérations que l’on doit pouvoir traiter sur la plateforme. De ce point de vue-là, on apporte grâce à cette technologie un degré de confiance très fort au coeur de l’action digitale de souscription et de détention de titres. C’est ce qui est effectivement très significatif.

Vous rencontrez des problèmes du côté de la réglementation pour ce partenariat ?

Il n’existe pas dans la réglementation de processus standard et défini pour la tenue des registres de titres des entreprises non cotées. Nous n’avons donc pas de contrainte réglementaire particulière puisqu’on vient, au contraire, améliorer des choses qui ne sont généralement pas bien organisées. Il est certain, en revanche, que la digitalisation de la tenue des registres impliquera progressivement la mise en place d’une réglementation adaptée. Pour l’instant, comme pour toutes les avancées technologiques, nous avons l’opportunité de participer à la création des standards avant la création du cadre réglementaire et c’est aussi pour cette raison qu’il est important que les acteurs s’intéressent au sujet.

Vous envisagez comment l’avenir de ce partenariat ?

C’est un partenariat de long terme. On est pour l’instant et depuis plusieurs mois en phase de construction de la plateforme. Il y aura les premières entreprises listées vers la fin de l’année. En fonction de la phase pilote, on va intégrer l’outil technologie et le service dans l’offre standard de SmartAngels. À terme, l’une des conditions pour venir lever des fonds sur SmartAngels sera d’avoir une gestion de registres de titres dématérialisée. Nous envisagerons ensuite la gestion et l’organisation d’un marché secondaire.

Qu’en est-il de l’intégration des autres plateformes d’equity et de prêt dans le Blockchain ?

C’est un partenariat qui est pour l’instant dans une phase de construction entre SmartAngels et BNP Paribas Securities Services. Après il est tout à fait envisageable que d’autres plateformes rejoignent ce schéma. Cela reste complètement ouvert. De toute façon, toutes les plateformes utiliseront progressivement cette technologie, c’est inéluctable. Avec les annonces d’Emmanuel Macron sur les bons de caisse, il sera à terme possible de lister sur des technologies Blockchain tous les produits financiers proposés sur les plateformes. On peut tout à fait imaginer des standards différents qui coexistent ou des standards qui s’appliquent à tous. Ce sera ouvert de notre côté.

Qu’en est-il de votre partenariat avec Fortuneo Banque ?

C’est un partenariat qui avance très bien. Nous avons reçu de très bon retours de la part des investisseurs, ce qui a confirmé ce que nous pensions déjà, c’est-à-dire que l’offre d’inscription des titres dans les PEA est un vrai besoin et une vraie demande des investisseurs. Nous ne communiquons pas encore sur des chiffres mais cela ne saurait tarder. L’intérêt est clair et les volumes sont au rendez-vous.

(Propos recueillis par Lucie Augé)

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À propos de l’auteur

Journaliste web Actuellement en deuxième année à l'EFJ Paris en journalisme plurimédia, je me suis dirigée vers des études de journalisme, tout naturellement, me laissant guider par mon envie d'écrire. Passionnée de musique, j'aime tout ce qui touche à la culture de près ou de loin. Ma première expérience à Good Morning Crowdfunding m'a permis de découvrir le milieu du crowdfuding, un univers riche, dynamique et sympathique.

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