[HARCÈLEMENT] Le gouvernement réagit et lance une première campagne de sensibilisation

Ces dernières années, les femmes étaient de plus en plus à se plaindre du « harcèlement de rue » et dans les transports en commun. Sur internet, des blogs comme Paye ta Shnek ou Stop Harcèlement de Rue se sont faits connaître grâce à des phrases « chocs » rapportés par des femmes. Ces violences verbales voire physiques sont rentrées dans le quotidien des femmes, au point que vivre dans la peur ne les choquait presque plus, car elles ne voyaient pas comment s’en sortir. Les petites voix de chacune se sont rassemblées via ces blogs, chacune aidant comme elle le pouvait avec des témoignages, des tee-shirts, des affiches… Un véritable crowdsourcing pour que le gouvernement et les hommes réagissent s’est mis en place.

Et enfin, hier, la première campagne nationale du gouvernement nommé « Stop – Ça suffit » a été lancée. Elle a pour objectif de rappeler que le harcèlement sexiste dans les transports est puni par la loi et inciter les témoins à réagir, et arrive dans le plan de « lutte contre le harcèlement sexiste et les violences sexuelles » dans les transports en commun annoncé il y a quatre mois. En avril, un rapport avait été remis au gouvernement par le Haut conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes (HCEfh), dans lequel il soulignait que 100% des utilisatrices de transports en commun ont subi au moins une fois dans leur vie du harcèlement sexiste ou une agression sexuelle, d’après des « consultations citoyennes » menées en mars auprès de 600 femmes de Seine-Saint-Denis et de l’Essonne.

Cette campagne espère faire changer les mentalités et les comportements, afin que les agressions ne soient plus banalisées ou ignorées, mais aussi de donner à chacun des clés pour savoir réagir, a expliqué Pascale Boistard, secrétaire d’État chargée des droits des femmes. Des affiches et panneaux numériques ont été installés dans plusieurs grandes villes de France, dans les métros, les gares, sur les arrêts de bus et de tram. On peut y lire sous forme de ligne de métro, ce que des milliers de femmes ont déjà entendu comme « Mademoiselle ! », « Vous êtes charmante », « C’est pour moi cette petite jupe ? », « Tu sais que t’es bonne », « Je vais te serrer », « Réponds sale chienne », pour finir en bout de ligne, en rouge: « Stop – Ça suffit ». En suivant le même modèle, on découvre la peur des victimes ou les hésitations des témoins qui se sentent impuissants. Cette campagne de sensibilisation continue sur internet et les réseaux sociaux pour rappeler les peines encourus, conseiller victimes et témoins, et donner les numéros d’urgence (17 ou 112, sms au 114 pour les sourds et malentendants). À partir du 7 décembre, la SNCF va mettre en place un nouveau numéro d’alerte (3117) qui sera aussi accessible pas SMS pour permettre des signaler plus discrètement un incident.

La première campagne de gouvernement contre le harcèlement des femmes dans les transports et dans la rue arrive seulement en 2015, alors que de nombreuses femmes sont déjà décédées suite à des agressions de ce type. Il faut souligner les actions des associations et des femmes qui n’ont pas hésité à faire appel au financement participatif et organiser des ventes de tee-shirts et sacs pour faire parler d’elles et avancer cette cause. En voici quelques exemples :

• En septembre 2015, Stop Harcèlement de Rue organise une cagnotte sur Leetchi pour financer ses débuts en tant que véritable association.
• L’association Colère Nom Féminin s’était faite connaitre du grand public en créant des sacs et des tee-shirts avec des phrases chocs comme « Ta main sur mon cul, ma main dans ta gueule » ou « Et ta maman tu la siffles ? ».
• En 2013, Paye Ta Shnek organise une campagne de crowdfunding sur KissKissBankBank afin de d’éditer un livre comprenant les meilleurs citations du Tumblr. Un recueil de 120 pages où l’on peut lire ce que des femmes entendent au quotidien. Ce sera un véritable succès et plus de 6 000 € seront récoltés.