Le crowdfunding au secours des festivals ? (2/7)

0

Cet été, période phare des festivals et autres manifestations culturelles, Good Morning Crowdfunding vous propose un dossier spécial sur le rôle du crowdfunding dans le financement des festivals, sujet ô combien sensible dans un contexte de baisse générale des aides publiques.


Crowdfunding et festivals

Episode 2 : Interview de Charles Babinet, le spécialiste des projets musicaux à KissKissBankBank

L’épisode précédent : Le crowdfunding au secours des festivals ? (1/7) – Episode 1 : La situation des festivals en France

Charles Babinet Festivals

  • Pour vous, est-ce que le crowdfunding est un mode de financement alternatif pertinent pour financer les festivals en France face à la baisse des subventions ?

Le crowdfunding va finir par remplacer les subventions, selon moi. Cela va faire quatre ans que je m’occupe des projets sur KissKissBankBank et ça marche bien !

Quand les festivals sont payants, c’est une manière de faire des early birds – un système de préventes de places en amont – ajouté à ça des backstages, des merchandisings… C’est une démarche facile pour ceux qui aiment bien les festivals et qui veulent avoir des avantages. Cela permet de constituer une trésorerie que le festival soit gratuit ou pas. Quand il y a une logique de préventes, cela fonctionne extrêmement bien. Quand il n’y a pas de préventes, cela marche aussi car on se dit que le festival est gratuit. C’est donc légitime de passer par une plateforme pour demander de l’argent.

On a souvent des porteurs de projet qui viennent nous voir à cause de la baisse des subventions et espère compléter grâce au crowdfunding. C’est le cas de festivals qui existent depuis longtemps ou qui viennent de se créer.

Du côté des organisateurs, à la base c’est surtout des comptes qu’il faut renflouer. On se rend compte que certains festivals arrivent à renforcer leur communauté en s’adressant d’abord à une base de fans d’autant plus impliqués. J’ai remarqué que les organisateurs s’en rendent compte dans un second temps. La démarche au début est essentiellement financière et une fois que la campagne est terminée, ils se rendent compte que c’est intéressant car ça leur permet de développer du merchandising et de se rendre compte de la communauté très proche du projet en question.

  • Pensez-vous que le crowdfunding peut être un modèle économique stable pour les festivals dans le temps ?

C’est un modèle économique stable mais pas suffisant. On a le festival Hello Birds à Etretat qui vient de terminer sa troisième collecte sur KissKissBankBank. C’est leur troisième collecte en quatre éditions : ils ont été cherchés 4 000 ou 6 000 euros grâce au crowdfunding. Pour des petits festivals gratuits, c’est clairement intéressant et ça leur fait de la communication.

Quand on regarde aujourd’hui, les festivals font tous des logiques d’early birds, c’est-à-dire que les premiers qui achètent payent moins cher. Il y a même des personnes qui préachètent des tickets sans connaître la programmation. Cette logique là est extrêmement proche d’une collecte de fonds car cela leur permet d’avoir de la trésorerie en amont en contrepartie d’un avantage financier. Quand il s’agit d’une campagne de financement participatif, ça peut être un avantage financier ou des avantages plus qualitatifs comme des entrées backstage…

  • Quelle est la typologie des projets de festival que vous voyez passer à KissKissBankBank ? 

Il y a une certaine diversité dans les projets de festival. Il y a déjà une typologie différente entre les gratuits, les payants, ce qui viennent d’être créés ou ceux qui existent déjà. Leur point commun est de ce rapprocher de leur communauté en se disant en effet qu’on a des soutiens publics moins important. Par le biais de ce genre de collecte, on se rend compte que les habitués du festival peuvent d’une certaine manière ou d’une autre permettre au festival de continuer. Il y a clairement une croissance du nombre de festivals qui décide de lancer une campagne de crowdfunding. Ce n’est pas nouveau par contre, ça fait partie des projets qu’on a eu dès le début sur KissKissBankBank puisque la musique est l’un des premiers secteurs à utiliser le crowdfunding.

  • Est-ce que les festivals locaux sont plus à même de lancer une collecte que les festivals internationalement reconnus ou nationalement reconnus ?

Tout à fait. On peut faire ce rapprochement avec tous les univers du financement participatif. Un chanteur connu doit avoir une histoire à raconter pour qu’on est envie de le soutenir. Pour un gros festival qui coûte cher et qui est bien installé, on a le réflexe de se dire qu’ils peuvent se financer. Un petit festival local ou moins connu, on se dit qu’ils n’ont pas les mêmes moyens financiers donc on a plus envie de les aider.

Ce n’est pas impossible pour des gros festivals faire une campagne de crowdfunding mais je pense qu’il faut vraiment expliquer à quoi va servir la collecte de fonds pour créer quelque chose de nouveau afin de motiver les internautes à contribuer.

  • Quels sont les conseils, en tant que plateforme, que vous pouvez donner aux festivals en mal de financement ?

Il faut vraiment considérer que de passer par une plateforme de financement participatif ne sert pas uniquement à collecter de l’argent. C’est très important de se dire que les efforts qui vont être investis dans la collecte de fonds vont rapporter en termes de communication et vont vous permettre d’être certains que du monde va venir quatre, cinq mois avant le festival.

L’autre conseil est de se mettre à la place des participants. Il faut absolument trouver des contreparties intéressantes qui ont une valeur matérielle ou émotionnelle forte.

Mercredi, rendez-vous pour le prochain épisode avec l’interview de Charles Kachelmann du festval Arelate, actuellement en campagne de crowdfunding sur Culture Time.

Partager

À propos de l’auteur

Journaliste web Actuellement en deuxième année à l'EFJ Paris en journalisme plurimédia, je me suis dirigée vers des études de journalisme, tout naturellement, me laissant guider par mon envie d'écrire. Passionnée de musique, j'aime tout ce qui touche à la culture de près ou de loin. Ma première expérience à Good Morning Crowdfunding m'a permis de découvrir le milieu du crowdfuding, un univers riche, dynamique et sympathique.

Répondre

logo-gmcf@2X