[INTERVIEW] Vulfran de Panafrica nous raconte sa campagne de crowdfunding

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Panafrica est une marque de chaussures dont l’histoire est très liée à l’Afrique. Hugues, l’un des fondateurs, travaillaient dans une startup spécialisée dans le financement de projets en Côte d’Ivoire. Au cours de l’été 2014, il rentre en France les valises pleines de souvenirs pour ses amis et sa famille. C’est là qu’il retrouve son ami de longue date, Vulfran. En découvrant les tissus wax colorés, ils se disent qu’ils tiennent peut-être là le projet qu’ils veulent monter ensemble depuis si longtemps. Vulfran s’inspire des tissus et se met à dessiner plusieurs choses, dont des chaussures. C’est là que l’idée est née. Après plusieurs mois de réflexion, de recherches et de discussions avec leurs proches, ils décident de quitter leurs emplois respectifs pour se lancer pleinement dans l’aventure ! À quelques jours de la fin de la campagne, nous avons rencontré Vulfran, qui revient avec nous sur cette aventure et donne ses conseils. 

Panafrica Vulfran et Hugues

Pourquoi avez-vous décidé de passer par le financement participatif pour lancer Panafrica ? 

Premièrement, ça faisait longtemps qu’on en parlait à nos proches, on trouvait ça intéressant d’avoir une première démarche avant d’entrer dans une forme plus classique de vente en boutiques que l’on aura sûrement plus tard. On aimait l’idée de pouvoir se confronter directement à un public, de vendre notre produit, de voir quelles pouvaient être les remarques, est-ce que ça plaisait, est ce que ça plaisait pas, etc..

Deuxièmement, ça permettait d’intégrer des gens qui nous suivent dès le départ du projet avant qu’il soit totalement monté, de créer une communauté autour de la marque. On en parlait à nos amis, à nos familles depuis cinq six mois et la campagne a permis de leur donner un côté plus privilégié dans l’aventure dès le départ.
Troisièmement, le but était de pouvoir faire parler de nous, d’avoir des gens qui s’intéressent à nous avant de démarrer. Voilà les trois points qui nous ont poussé à nous tourner vers le crowdfunding.

Pourquoi les chaussures ?

Tout d’abord parce qu’on aime ça tous les deux, ensuite ce qu’on trouve intéressant c’est qu’on peut toucher un public plus large. Je trouve que c’est un accessoire de mode où on se permet sans doute un petit peu plus de fantaisie, d’originalité. Et puis il y avait une vraie logique pour nous derrière, ça nous permettait d’avoir une image globale de la marque, avec toute la problématique des matières etc etc. On savait que ça n’allait pas être simple, mais ça nous intéressait d’être en contact avec des choses qu’on ne connaissait pas et de tout monter de A à Z.

Comment s’est préparée la campagne ? 

On a commencé à la préparer assez tôt. Dès le début, on s’est dit que c’était important pour nous de passer par la crowdfunding pour toutes les raisons que j’ai évoqué mais aussi pour avoir les précommandes permettant d’acheter les matières pour réaliser les premiers modèles. On s’est rendu compte assez tôt que les gens ne savaient pas ce qu’était le financement participatif, qu’ils ne savaient pas à quoi ça servait. On a préparé quatre mois à l’avance un premier cercle d’amis proches et familles à qui on avait parlé du crowdfunding, à qui on avait fait des e-mails expliquant ce qu’on allait faire, en quoi c’était important qu’ils se mobilisent dès le premier jour. Pour le lancement, on avait prévu un événement avec nos familles, nos proches, pour qu’ils puissent être sur place, voir les modèles, les essayer, et on avait des ordinateurs pour qu’ils puissent commander directement sur place. C’était très important pour nous que la campagne démarre tout de suite bien, donc on avait anticipé tout ça, ce qui nous a permis d’atteindre notre premier objectif de 200 préventes rapidement.

On avait aussi préparé un second cercle d’amis en communiquant sur les réseaux sociaux trois quatre mois avant. On ne communiquait pas du tout sur le produits car on n’avait pas encore le produit finalisé, mais on savait que c’était très important de faire rentrer les gens dans l’esprit de la marque au-delà des chaussures qu’on vend, puisqu’on a toute une démarche autour de la marque avec un vrai projet autour de l’Afrique.

On a ouvert nos pages sur les réseaux sociaux en septembre pour avoir le temps de faire venir des gens dessus, on a fait un retroplanning de publications suivant un calendrier qui menait jusqu’au moment du lancement.
La mobilisation de ces cercles nous a permi d’atteindre très vite l’objectif de 200 précommandes et donc de mobiliser le grand public en disant « voila, on a atteint cet objectif, on a en fixé un nouveau à atteindre ».

Qu’avez-vous eu à apprendre ?

Au départ, on avait un objectif beaucoup plus ambitieux que 200 commandes parce que, pour ne rien cacher, pour qu’on commence à se dire qu’on a réussi il faudrait qu’on soit à 1000 ventes à la fin. Mais on n’avait pas en tête qu’il fallait fixer un objectif plus bas pour mobiliser tout de suite les gens, atteindre le premier objectif très facilement et ensuite aller chercher d’autres objectifs, aller plus loin, aller chercher des gens qu’on ne connait pas. Nous on s’était dit, « bon on lance comme ça et on verra bien », mais les gens de Ulule nous ont dit qu’il fallait mieux commencer plus bas pour atteindre les 30% à 40% dès le premier jour pour entrer dans une belle dynamique, ils nous ont conseillé de le fixer à 200 ventes. Ils nous ont également recommandé de créer un événement pour le lancement car c’est dur de mobiliser les gens une fois qu’ils sont rentrés chez eux pour faire les commandes.

Panafrica

Comment avez-vous eu les informations dont vous aviez besoin pour vous lancer ?

On s’était un peu renseigné avant, on avait regardé pas mal de projets qui avaient fonctionné, notamment les projets mode pour voir un peu comment ça s’était passé, comment ils avaient communiqué, comment la campagne avait évolué au fil du temps, ce qu’il était important de faire ou ne pas faire. J’ai également fait une formation sur le financement participatif, on a vu les gens d’Ulule qui avait pris contact avec nous quand on a mis notre projet sur leur plateforme qui nous ont conseillé et aidé.

Comment ça se passe pendant la campagne ?

On a eu vraiment de la chance, on a fait nos 200 ventes en huit heures. Depuis ça se passe plutôt bien, on a eu pas mal de relais dans la presse, de partages sur les réseaux sociaux et de bouche à oreille), on a eu des retombés sur le nombre de commandes, on organise nos publications pour maintenir une bonne dynamique pendant toute la campagne. On a aussi organisé un petit concours sur facebook pour gagner des paires sur la dernière semaine pour relancer le public. Les gens qui en parlent autour d’eux et qui partagent nos publications, ça nous aide énormément.

Comment vous envisagez la suite après la campagne ?

Mon associé Hugues est parti deux semaines au Maroc pendant la campagne pour anticiper au maximum la production pour assurer la livraison des pré-commandes. Nous avons fait le choix de travailler avec des fournisseurs locaux et avec un atelier de fabrication au Maroc, on a donc réglé les problèmes d’importation et de douanes. Hugues s’occupe de la partie logistique et je m’occupe de la partie community management, commercial, répondre aux questions, répondre aux commandes, créer des événements, voir les gens que l’on doit rencontrer.

Panafrica

Comment vous envisagez l’avenir après la livraison des commandes en crowdfunding ?

C’était une étape parmi d’autres étapes, ça nous a permis de voir que ça peut marcher, de toucher un public. Après on va passer dans une distribution plus classique donc on commence à démarcher des boutiques, on met en place notre site internet qui prendra le relai à la fin de la campagne. Via le crowdfunding, les gens entendent parler de nous, commencent à voir ce qu’on fait et on est contacté par des boutiques à Paris et ailleurs qui nous font des commandes pour l’été prochain.

Quels conseils que vous auriez aimé avoir et voudriez donner ?

La première chose c’est de mobiliser, on l’avait vu, on nous l’avait dit, Ulule nous l’avait dit, mais on n’avait pas vraiment pris conscience que c’est vraiment important de mobiliser le premier cercle. C’est ça qui a fait qu’on a vendu nos 200 préventes en quelques heures et qui fait qu’aujourd’hui on peut voir l’avenir avec beaucoup plus de certitudes ou du moins d’optimisme. Si on n’avait pas fait ça, si on n’avait pas mobilisé les gens dès le début on n’en serait pas là aujourd’hui donc c’est vraiment le conseil numéro un qu’on peut donner.

Le deuxième c’est de prendre en compte que le projet n’est jamais figé, que nous avant de lancer la campagne, on a fait des choix radicaux de dernières minutes grâce à des commentaires qu’on avait d’amis qui nous disaient « j’aurais plus fait comme si, ou comme ça ». Il faut toujours chercher à améliorer son produit, même pendant la campagne, il faut toujours écouter tous les commentaires et les remarques des gens pour pouvoir arriver au meilleur produit qui soit. Les gens sont vraiment importants et je pense que le crowdfunding permet d’avoir des avis qui sont un peu différents. Il y en a qui vont dire que c’est super joli, d’autres qui n’aiment pas trop. Et même si on ne change pas forcément tout aujourd’hui, ça nous inspire pour nos collections de l’été prochain.

Venez découvrir leur campagne sur la plateforme Ulule

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