[HUMANITAIRE] Pour une solidarité locale et participative – Part 1

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Dessin local et participatif

 

Il est loin le temps des humanitaires improvisés partis sur coup de tête au secours de populations en détresse. Le bon samaritain des années 70 a fait son temps. Les humanitaires d’aujourd’hui sont des professionnels diplômés en solidarité internationale, en agronomie ou en épidémiologie. Et les organisations qui les emploient sont gérées comme des entreprises.

Depuis quarante ans, les humanitaires ont su évoluer pour répondre à des crises  toujours plus complexes.  La coordination entre acteurs de terrain ou l’application de méthodes standardisées sont désormais des constantes dans les actions de solidarité. Cette capacité d’adaptation est toutefois mise à mal par une logique d’intervention teintée d’expansionnisme culturel… Évidemment occidental.

Même s’ils prônent des valeurs soi-disant universelles, les humanitaires n’en agissent pas moins sous l’influence de leur propre culture. Ainsi, les organisations humanitaires nées en Europe ou aux Etats-Unis exportent dans les pays d’intervention des modes de vie de et de pensée qui ne sont pas celles des populations bénéficiaires.  Les projets de solidarité issus de cette approche risquent alors d’échouer, faute notamment d’implication des acteurs locaux. A quoi bon creuser un puits dans un village qui en est dépourvu, si l’on ignore que l’approvisionnement en eau à la rivière est le seul vecteur de sociabilisation des femmes et qu’elles ne sont pas prêtes à y renoncer ?

On observe aujourd’hui une « désoccidentalisation » de l’aide humanitaire. Les ressources locales, qu’il s’agisse de main-d’œuvre, de produits ou d’informations sont systématiquement prises en compte dans l’élaboration des projets de solidarité. Nous sommes encore loin d’atteindre un équilibre décisionnel et financier entre pays occidentaux et pays bénéficiaires mais les pratiques humanitaires évoluent dans ce sens.

La typologie des donateurs a également évolué. Les nouvelles technologies  ont modifié nos façons de consommer et de communiquer. Quelques clics sur notre ordinateur ou notre Smartphone suffisent presque à tout. Le donateur d’aujourd’hui n’est plus celui d’hier et ses exigences, notamment en termes de transparence et de retour d’information, non plus.

Une nouvelle forme de solidarité se dessine, où les porteurs de projets locaux et les donateurs hyper-connectés sont mis sur le même plan. Les organisations humanitaires doivent composer avec ces profils changeants et adopter des outils répondant le mieux possible à leurs besoins. En permettant, d’un côté, aux internautes de choisir et suivre les projets qu’ils soutiennent et, de l’autre, en favorisant une approche locale de la solidarité, c’est ce que fait précisément le crowdfunding.

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À propos de l’auteur

“Après deux ans de bénévolat dans l’action sociale à Paris, j’ai orienté mes études vers la solidarité internationale. J’ai travaillé en tant que logisticien et administrateur au sein d’ONG françaises, sur des projets d’urgence humanitaire dans plusieurs pays, notamment la République Démocratique du Congo, Haïti, le Pakistan et le Soudan du Sud. C’est au cours de mes missions que j’ai pris pleinement conscience de l’importance de l’aide au développement. La transition d’une situation de dépendance des populations sinistrées à une autonomie retrouvée est au cœur de l’action humanitaire. C’est dans cette continuité d’action que j’ai cofondé en 2013 l’association MyLocal Project.”

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