[ETUDE] Le financement participatif dans le groupe de Visegràd

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Visegrad group

 

Avant de parler de financement participatif, vous devez vous demander « Le groupe de Visegràd ? Mais qu’est-ce que c’est ? ». Le groupe de Visegràd (V4) constitue ce que l’on appelle l’Europe Centrale. Il est né d’un accord entre la Pologne, la Hongrie et l’ancienne Tchécoslovaquie, aujourd’hui République Tchèque et Slovaquie. Cette accord, signé en 1991 avait pour but de démontrer la capacité de ces quatre pays à coopérer en tant qu’Etat, anciens membres du bloc soviétique. Il a un petit peu perdu de son sens aujourd’hui, mais pourrait retrouver un nouveau souffle en permettant un contrôle efficace de l’émergence du financement participatif dans toute la région d’Europe Centrale. Cette région n’est pas réputée pour son dynamisme en matière de crowdfunding, et pourtant, ce phénomène y est bien présent, et même de plus en plus présent ! Justement, l’Institut d’Aspen a étudié le financement participatif dans chacun de ces quatre pays. Voilà ce qu’il en ressort :

La République Tchèque

Commençons par la République Tchèque. Le financement participatif a émergé là-bas avec la naissance de la plateforme Fondomat en Juillet 2011 sur le même modèle que Kickstarter. Après la naissance d’un certains nombre d’autres plateformes, notamment Nakopni.me, Kreativcisobe.cz, Hithit, MusicCluster, plus récemment EverFund ou encore Startovac, Fondomat s’est reconvertie en equity-crowdfunding en Grande-Bretagne. La plupart de ces plateformes fonctionnent sur un modèle semblable à Kickstarter, sauf Everfund qui exploite un concept original mêlant crowdfunding et crowdsourcing.

Jusqu’à maintenant, le montant récolté en financement participatif en République Tchèque s’élève environ à 24 485 000 de couronnes Tchèques, soit 882 000 €. Un montant certes faible comparé aux 78 millions d’euros collectés en France en 2013, mais qui a évolué de manière exponentielle depuis 2011, à l’instar du nombre de plateformes.

Pour l’instant, et comme beaucoup de pays à travers le monde, la République Tchèque ne dispose pas de réglementation spécifique au crowdfunding. Les plateformes et les projets s’en sortent difficilement en naviguant entre les lois sur la taxation des investissements, des dons, des associations etc… Le phénomène n’est pas jugé suffisamment dynamique par l’Etat pour instaurer une législation claire. Malheureusement, l’une des clés pour développer le financement participatif, c’est de l’encadrer avec des lois. Le serpent se mord la queue.

La Hongrie

Les premières plateformes de crowdfunding en Hongrie ont vu le jour en Janvier 2012 avec creativeselector, Kezedheted, Indulj et Osszedobjuk. Malheureusement, la population hongroise ne porte pas vraiment le financement participatif dans son cœur, ne lui accordant que peu sa confiance. Le marché hongrois est jugé trop jeune, que ce soit par l’Etat, ou même par les investisseurs, pour accueillir ce nouveau mode de financement, il n’y a d’ailleurs, aucune plateforme d’equity-crowdfunding en Hongrie. Trop peu développé encore, il est donc difficile d’évaluer le montant récolté par crowdfunding dans ce pays, mais il est probable que celui-ci ne dépasse pas les 50 000 €.

Pour ce qui est de l’environnement légal, on pouvait s’en douter, il est totalement inexistant, le financement participatif n’étant mentionné nul part, et aucune organisation ou institution ne se penche sur le sujet. Développer le financement participatif en Hongrie, ce n’est pas gagné !

La Pologne

En Pologne, le constat est tout autre ! Apparu en 2011 avec la plateforme PolakPotrafi, le financement participatif en Pologne est très diversifié. Il existe une dizaine de plateformes, de don, de don contre récompense et d’equity-crowdfunding. Les quatre principales plateformes ont levé entre 2011 et 2014 environ 1 200 000 €. Ce montant n’inclue pas les plateformes de don pour des campagnes caritatives, non-considérées comme des « projets », sans quoi ce montant atteindrait environ quatre millions d’euros.

Pour ce qui est de la législation, le financement participatif en Pologne est légal, mais n’est pas régulé par un statut spécifique. Cependant, le ministère de l’économie numérique étudie en ce moment même le JOBS Act américain et la législation britannique en vue d’une potentielle adaptation en Pologne. Déjà bien engagé, le développement du crowdfunding en Pologne pourrait être prochainement accéléré par une législation propre.

La Slovaquie

Le financement participatif, au sens moderne où nous l’entendons, c’est-à-dire l’alternative de financement entrepreneurial, n’existe pas en Slovaquie, nous ne disposons donc pas de chiffre à ce sujet. C’est le crowdfunding pour des causes caritatives qui y est très répandu. La loi ne se préoccupe donc pas de ce phénomène.

Où cela nous mène-t-il ?

En dressant ce constat, cette étude nous montre que la marge de développement du financement participatif dans le groupe de Visegràd est énorme et que ce mouvement est déjà amorcé. La création d’une plateforme commune aux quatre pays du groupe serait donc possible. Mais serait-elle vraiment pertinente ?

A cette question, l’Institut d’Aspen nous répond qu’une telle plateforme permettrait de renforcer la coopération entre les quatre pays d’Europe Centrale, redonnant un sens à l’accord de Visgrad. Elle montrerait au monde à quel point leur adaptation à l’économie moderne de marché est un succès et serait un catalyseur de l’innovation et de l’initiative entrepreneuriale.

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À propos de l’auteur

Après une licence d’économie à la Sorbonne j’ai décidé de me lancer dans le journalisme. Passionné par les nouvelles technologies et après une première expérience dans un journal national, j’ai vu dans le financement participatif un moyen de concrétiser n’importe quelle bonne idée, même la plus farfelue et l’occasion de populariser l’innovation.

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