[ÉCONOMIE] Abondance de liquidité et accès au crédit restreint

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Difficile d’ignorer l’ampleur des moyens déployés par la Banque Centrale Européenne ces deux dernières années pour relancer la distribution du crédit dans la Zone Euro. La tête du système bancaire européen n’a pas ménagé ses peines et n’a pas manqué d’initiatives. Preuve en est son recours progressif aux mesures non conventionnelles dans le cadre de la gestion de sa politique monétaire. Conséquence?

  • Un taux de refinancement à un mois en faveur des banques de l’ordre de -0,063% à juin 2015 (Les banques gagnent de l’argent en empruntant).
  • Un programme d’achat de titres du secteur public (Quantitatif Easing – Assouplissement quantitatif) et abondance de liquidité.

Des mesures impressionnantes certes au niveau macroéconomique, cependant nos TPE/PME en bénéficient t-elle vraiment ? Ces mesures technocrates dont le moteur principal est la crainte ancestrale d’une éventuelle entrée de la Zone Euro dans une aire de « stagflation chronique », peut elle réellement atténuer les difficultés de l’accès au crédit de nos TPE/PME ? Autrement dit, comment expliquer la difficulté d’accès au crédit dans un contexte d’abondance de liquidité ?

Finsquare et crowdfunding

En France, la distribution du crédit aux entreprises françaises est assurée en grande majorité par les banques de détail. Une réalité qui est la résultante d’une succession de nombreuses mutations socioéconomiques et juridiques qui ont notamment renforcé le monopole bancaire. En effet la question de l’efficacité de la distribution de crédit n’a jamais été réellement posée puisque la Banque comme institution puise son existence économique tout simplement dans un cadre juridique qui avait comme but principal la régulation des opérations de banque. Aujourd’hui, la Banque est montrée du doigt comme le maillon défaillant de la chaine de distribution du crédit.

En effet dans un contexte de liquidité abondante la responsabilité de la Banque comme distributeur de crédits aux entreprises semble être engagée, du moins socialement. Bien évidemment la rhétorique de la défense est déjà trouvé et usée : Bale 2 et Bale 3 sont la cause ! Cet argument technique a le mérite de transférer d’un revers de main la responsabilité de la Banque vers la sphère technocrate Baloise qui est à l’origine de la régulation bancaire en vigueur. Bien que simplifié, ce constat résume la réalité du paysage bancaire d’aujourd’hui.

Afin de chercher des réponses directes et claires à nos interrogations, il me paraît plus judicieux de regarder du coté de la pratique commerciale des banques. En d’autres termes essayer de comprendre comment les banques procèdent elles pour distribuer les liquidités sous formes de crédits.

L’organisation de la Banque de détail en réseau nous apprend un point essentiel : La distribution de crédit doit se fait grâce à une relation directe avec l’entreprise, bien que la décision de son octroi est très souvent centralisée et loin du client. D ‘ailleurs la majorité des banques insistent sur le fait que la décision de crédit soit exercée par un expert qui n’a pas de relation directe avec le client. Ce développement dichotomique de la distribution de crédit soulève la question centrale de la circulation de l’information dans la Banque.

En effet l’octroi de crédit nécessite une information pertinente, exhaustive et régulièrement mise à jours. Le marché des TPE/PME en France n’offre pas cette possibilité, ou du moins ne le permet pas avec un coût raisonnable.

La Banque se trouve donc, contrainte à mettre en place des processus d’instruction de dossier de crédits trop longs et extrêmement couteux. Ces couts exorbitants transforment des liquidités bon marché (en provenance de la BCE) en produits de crédits extrêmement couteux pour la Banque. Par conséquent, la Banque est donc amenée à réduire la voilure sur la distribution de crédit pour assurer son équilibre bilancielle et réduire ainsi l’accès aux crédits à une grande partie des TPE/PME.

La connaissance du marché des TPE/PME et de leur besoin est primordial, non seulement pour assurer la distribution du crédits aux entreprises mais aussi pour faire en sorte que les politiques monétaires soient efficaces.

Ainsi l’information devient l’actif le plus précieux dans le système bancaire, rien d’étonnant quand on sait que la Banque trouve ses fondements économiques dans la réduction de l’asymétrie d’information entre le créancier et son débiteur.

Finsquare, Hafid Kekouche et crowdfunding

Cet article a été écrit par Hafid Kekouche, Directeur des risques chez Finsquare.

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À propos de l’auteur

Passionnée de journalisme depuis toujours, c’est après une licence en information et communication que mon avenir s’est confirmé : je veux écrire. Après une expérience en tant que rédactrice pour une chaîne télévisée publique française, Good Morning Crowdfunding a donc été pour moi l’opportunité de découvrir l’univers des startups, tout en continuant à être du côté de la rédaction.

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