[DÉBAT] Le crowdfunding et la culture, une compatibilité naturelle ?

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CAPC bordeaux

Financer un projet culturel, c’est compliqué. En effet, en générale peu rentable, et d’une valeur difficilement estimable, les banques refuseront bien souvent de prêter à un artiste qui veut lancer son spectacle, ou financer son oeuvre. Il est difficile de leur en vouloir, le facteur subjectif occupe une place prédominante dans la détermination de la valeur de l’oeuvre, il est donc impossible de monter un plan de remboursement fiable, tenable. Mais alors, la culture est-elle condamnée à disparaître ? Je dois évidemment répondre non pour deux raisons. La première tient en une ligne : l’art et la culture ne sont pas dépendants de l’argent, ils peuvent émerger, même au milieu de la misère.

 La seconde raison, c’est que si l’argent peut être un catalyseur de l’art, il est aujourd’hui possible pour n’importe qui d’en trouver. Vous me voyez venir, je veux bien sûr parler du crowdfunding ! Les plateformes existent déjà, nous parlions récemment de Culture Time, mais ce n’est pas la seule, Proarti met en avant des projets artistiques, et les projets culturels représentent une bonne partie du catalogue des plateformes généralistes comme Ulule et KissKissBankBank.

 L’avantage du crowdfunding en don est que le côté affectif entre énormément en compte lors de la décision du contributeur de financer ou pas un projet. L’éspérance de rentabilité d’un projet culturel étant nul, c’est justement le côté affectif qui nous fait les apprécier ou non. Donner de l’argent à une personne que l’on ne cônnait ni d’Eve ni d’Adam est un acte extrêmement intime et une grande preuve de confiance.

 Un autre facteur à ne pas négliger est l’image qu’apporte la contribution à un projet culturel. Il est évidemment socialement bien vu de s’intéresser à la culture, et quelle plus belle preuve d’intérêt que d’y investir gracieusement ses économies ?

 Tous ces concepts quelques peu abstraits ne sont pas des paroles en l’air. Le crowdfunding et la culture, ça fonctionne ! Pour preuve, en 2014, les projets culturels représentaient 73 % des projets lancés sur des plateformes de don contre don en France. Même les acteurs publics ont adopté le crowdfunding pour appliquer leur politique culturelle. Le musée d’art contemporain de Bordeaux par exemple, a créé un système de financement participatif en direct pour financer l’acquisition de nouvelles oeuvres. Le visiteur peut acheter un « ticket mécène » en plus de son ticket d’entrée, en contrepartie, il bénéficie d’une information régulière sur le fonctionnement du musée, et est invité à l’inauguration des oeuvres. Le succès de ce système est tel qu’il est en train de s’exporter à d’autres villes de France.

 C’est parce que la foule s’intéresse à la culture qu’elle existe et certainement pas parce qu’elle est financièrement rentable. Alors quel meilleur mode de financement que le crowdfunding pour des projets culturels ?

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À propos de l’auteur

Après une licence d’économie à la Sorbonne j’ai décidé de me lancer dans le journalisme. Passionné par les nouvelles technologies et après une première expérience dans un journal national, j’ai vu dans le financement participatif un moyen de concrétiser n’importe quelle bonne idée, même la plus farfelue et l’occasion de populariser l’innovation.

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