Le crowdfunding au secours des festivals ? (4/7)

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Cet été, période phare des festivals et autres manifestations culturelles, Good Morning Crowdfunding vous propose un dossier spécial sur le rôle du crowdfunding dans le financement des festivals, sujet ô combien sensible dans un contexte de baisse générale des aides publiques.


Crowdfunding et festivals

Episode 4 : Interview de Thérèse Lemarchand, la fondatrice de Culture Time

Les épisodes précédents :

Thérèse Lemarchand

  • Pour vous est-ce que le crowdfunding est un mode de financement alternatif pertinent pour financer les festivals en France face à la baisse des subventions ? 

En fait, le crowdfunding des festivals et de la culture en général, a toujours existé : il s’agit tout simplement de mécénat ! Ce qui change aujourd’hui, c’est que le crowdfunding permet d’aller toucher plus facilement les individus et de collecter de façon beaucoup plus efficace un ensemble de sommes unitaires plus modestes. Le financement participatif est un outil qui exprime bien la transition culturelle que traverse la pratique du mécénat : les gens sont de plus en plus enclins à donner de l’argent pour soutenir des artistes, des projets patrimoniaux, des structures qui créent des expériences qui les touchent. Les festivals créent des liens de proximité très forts avec leurs publics, ils sont donc bien positionnés pour développer leurs ressources propres à l’aide du crowdfunding.

Je dirais donc que oui, le financement participatif est un mode de financement alternatif pertinent, mais il faut garder en mémoire qu’il est une composante d’un mix. Il représente souvent 10 à 30 % des montants des projets qui sont présentés en crowdfunding, et tous les projets ne s’y prêtent pas.

  • Pensez-vous que le crowdfunding peut être un modèle économique stable pour les festivals dans le temps ?

Selon moi, c’est un modèle économique stable dans la durée, pas dans le court terme, pour deux raisons :

Premièrement, la culture est un axe de philanthropie particulier dans le rapport au don. Les donateurs sont aussi des spectateurs/visiteurs – donc des « consommateurs » de la création artistique – tandis que le don solidaire ne bénéficie pas de ce lien direct dans sa démarche de soutien. Il y a donc une opportunité à saisir dans le milieu festivalier de trouver les personnes passionnées, qui peuvent être transformées en donateurs.

D’autre part, les festivals sont des évènements très localisés, qui ont donc directement un impact positif pour de nombreuses parties prenantes, qui sont d’autant plus de donateurs potentiels ! Au-delà de l’intérêt commun à développer la visibilité et l’attractivité de leur territoire, le mécénat et le crowdfunding permettent de stimuler des rencontres entre des acteurs qui ne se croisent pas forcément d’ordinaire, et génère des synergies intéressantes qui sont favorables à une création de liens durables.

  • Quels sont les conseils en tant que plateforme que vous pouvez donner aux festivals en mal de financement ?

Commencez par vous poser la question : « Que puis-je faire pour mes mécènes ? ». La bonne manière de développer le crowdfunding, c’est de se mettre à la place de l’autre, le comprendre, et être curieux pour développer une relation sincère avec lui. Cela permettra d’identifier le bon projet – celui qui apportera une valeur ajoutée ressentie supérieure pour le public, et la bonne manière d’en parler. 

Ensuite je dirais « anticipez ! ». Les projets de financement participatif se préparent, la phase de campagne est la partie immergée de l’iceberg, elle doit être la mise en oeuvre efficace du plan de communication qui a été défini en amont. Quelques notions temporelles :

  • Une campagne dure environ deux mois
  • En termes de préparation il faut compter au minimum un mois, et certaines structures ont des processus de décisions (conseils d’administration etc…) qui peuvent rallonger cette période
  • Enfin il faut prévoir un mois à l’issue de la campagne pour toucher les fonds et préparer vos remerciements/invitations.

Donc si on fait le décompte, il faut prévoir votre campagne au-moins cinq mois avant la mise en oeuvre de votre projet.

Et ensuite, parlez-en haut et fort ! Le crowdfunding – et donc le mécénat – c’est une aubaine pour une structure : c’est l’occasion de développer des spectacles remarquables avec les spectateurs, dont le rayonnement peut être très vaste grâce au bouche à oreille, au partage, à l’humain, à tous les ambassadeurs que vous allez fédérer autour de votre projet et dont la campagne sera le teaser.

  • Quelle est la typologie des projets de festival que vous voyez passer à Culture Time ?

De nombreux festivals passent déjà par le crowdfunding. Sur Culture Time, nous avons accompagné des festivals nombreux et variés. Certains se financent sous forme de campagnes comme « On déclame l’art à Clamart : Festival Créa’Parc » ou encore le festival « Arelate : 10ème festival des Journées Romaines d’Arles »D’autres se financent sous forme de programmes annuels comme « D’Jazz Nevers : 30ème D’Jazz Nevers Festival » ou « Musiques en Médoc : Les Amis des Estivales« . 

À lire aussi : 

Mercredi, rendez-vous pour le prochain épisode avec l’interview de Philippe Badey, Responsable communication du festival BIM! qui était en campagne de  crowdfunding sur KissKissBanBank.

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À propos de l’auteur

Journaliste web Actuellement en deuxième année à l'EFJ Paris en journalisme plurimédia, je me suis dirigée vers des études de journalisme, tout naturellement, me laissant guider par mon envie d'écrire. Passionnée de musique, j'aime tout ce qui touche à la culture de près ou de loin. Ma première expérience à Good Morning Crowdfunding m'a permis de découvrir le milieu du crowdfuding, un univers riche, dynamique et sympathique.

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